Construction de portefeuille

Retour en grâce ? La revanche des petites capitalisations

28 octobre 2024 | 7 minute(s) de lecture
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Hania Schmidt
Global Co-Head of Client Portfolio Management, Quantitative Investment Strategies
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Jiali (Jen) Nusser
Client Portfolio Manager, Fundamental Equity
Le segment des petites capitalisations est souvent négligé. Toutefois, nous pensons que le contexte actuel des taux d’intérêt et la faiblesse des valorisations par rapport aux grandes capitalisations rendent l’ensemble des opportunités difficiles à ignorer, en particulier pour les investisseurs cherchant à compléter et à diversifier leurs allocations aux grandes capitalisations.
Principaux points à retenir
1
L’été des petites capitalisations
Après être restées dans l’ombre de leurs homologues de grandes capitalisations au cours des dernières années, les petites capitalisations ont rebondi au cours de l’été 2024. L’inflation ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir, les baisses de taux ont commencé sur les marchés développés et la performance des actions s’est élargie au-delà des méga-capitalisations.
2
Poursuite de la hausse à terme ?
Nous pensons que le contexte macroéconomique continuera de favoriser les petites capitalisations en 2025. La faiblesse de leurs valorisations historiques par rapport aux grandes capitalisations, leurs solides perspectives de bénéfices et la dispersion accrue des performances sont autant d’arguments qui justifient une exposition aux petites capitalisations afin d’apporter de la diversification et d’ajouter de nouvelles sources de performance au sein d’un portefeuille.
3
Une approche active peut créer de l’alpha
Bien que les conditions macroéconomiques et de marché soient désormais favorables pour les petites capitalisations, nous privilégions une approche active pour investir dans la classe d’actifs. Nous sommes convaincus que des approches fondamentales et quantitatives peuvent aider les investisseurs à saisir de l’alpha et garder le cap sur un vaste marché.

L’univers mondial des petites capitalisations comprend une variété d’entreprises établies sur plusieurs continents et présentant des flux de revenus divers. Il offre un accès au potentiel de croissance supérieur des leaders des moyennes et grandes capitalisations de demain. Au cours des dernières années, les petites capitalisations ont été confrontées à la hausse des taux d’intérêt et ont été éclipsées par des méga-capitalisations américaines dopées par les avancées de l’intelligence artificielle. Depuis quelque temps, nous pensons que l’heure de la revanche a sonné. Cet été, les petites capitalisations ont surperformé les grandes capitalisations, soutenues par le début des cycles d’assouplissement des taux d’intérêt. Le rebond des petites capitalisations pourrait bien se prolonger, car leurs valorisations sont inférieures à leurs moyennes à long terme, et nous pensons que les stratégies d’investissement actives sont idéalement placées pour en profiter.

Un contexte macroéconomique plus propice

La phase de resserrement rapide et énergique de la politique monétaire amorcée en 2022 a pénalisé les petites capitalisations, qui sont sensibles aux taux d’intérêt et dont la part de dette à taux variable est plus élevée que celle de leurs homologues de grandes capitalisations. Pour être précis, près du tiers de la dette des composants de l’indice Russell 2000 est à taux variable. Toutefois, depuis peu, la toile de fond macroéconomique est plus favorable. Le ralentissement de l’inflation, la stabilité des données sur la croissance économique et le début des cycles d’assouplissement des taux d’intérêt dans le monde entier, y compris aux États-Unis, ont commencé à alléger la pression sur les bilans des petites capitalisations. À l’échelle mondiale, les petites capitalisations ont surperformé les grandes capitalisations au troisième trimestre. L’indice MSCI World Small Cap a inscrit au troisième trimestre 2024 une progression de 9,3 %, supérieure à celle de l’indice MSCI World, en hausse de 6,1 %.1  

Le marché américain des petites capitalisations en particulier a connu un fort rebond cet été, une évolution que nous avions anticipée dans nos Perspectives d’investissement de milieu d’année. L’indice Russell 2000 a enregistré une performance de 9,3 % au troisième trimestre 2024, contre 5,9 % pour l’indice S&P 500.2 La surperformance pourrait se poursuivre, dans la mesure où les petites capitalisations américaines surperforment les grandes capitalisations pendant les pics post-inflationnistes. Au-delà des États-Unis, la faiblesse de la croissance économique et la dépréciation des devises par rapport au dollar américain se sont traduites par une performance plus modérée des petites capitalisations non américaines. Toutefois, nous pensons que les petites capitalisations de l’ensemble des régions figureront parmi les bénéficiaires nets des cycles de baisse des taux et des efforts de politique de relance de la croissance des banques centrales. Cette dynamique devrait être favorable aux marges à court terme, en réduisant le risque de baisse à moyen terme liée aux frais d’intérêt de la dette à taux variable, et devrait permettre aux petites entreprises de financer à moindre coût la croissance future à long terme de leurs activités. La détérioration de la croissance économique reste un risque pour le marché des petites capitalisations, en particulier en Europe où la croissance a été plus faible ces derniers mois, bien que les risques de ralentissement de la croissance puissent être amortis par des valorisations déjà faibles par rapport aux grandes capitalisations.

Les petites capitalisations américaines surperforment généralement après la fin d’un cycle de tauxLes petites capitalisations américaines surperforment généralement après la fin d’un cycle de taux

Source : FactSet et Goldman Sachs Asset Management. Au 30 septembre 2024. 

Déconnexion des valorisations

Outre l’environnement favorable de baisse des taux, les petites capitalisations présentent ces derniers temps des valorisations plus attrayantes que celles des grandes capitalisations. L’examen de l’univers mondial des petites capitalisations révèle que le ratio cours/bénéfice de l’indice MSCI World Small Cap par rapport à l’indice MSCI World, se négocie actuellement avec l’une des décotes les plus importantes au regard à sa moyenne historique, à -32 %.3 L’analyse au niveau régional fait apparaître une tendance similaire aux États-Unis, où l’action rentable médiane de l’indice Russell 2000 continue de se négocier bien au-dessous de sa moyenne historique par rapport aux grandes capitalisations, malgré un regain d’intérêt des investisseurs pour la classe d’actifs cet été.4 Depuis 1985, la décote moyenne à laquelle se négocie l’action médiane de l’indice Russell 2000 s’établit à -2 % par rapport à son homologue de l’indice S&P 500 sur la base du ratio cours/bénéfice, en excluant les entreprises non rentables. À l’heure actuelle, la décote se situe largement au-dessous de cette moyenne, à –28 %.5 En Europe, les petites capitalisations sont devenues particulièrement bon marché au cours des cinq dernières années : la décote de valorisation des grandes capitalisations européennes au cours de la période a été en moyenne de -1,8 % ; elle est actuellement inférieure à -10 %.6 Bien qu’il existe des nuances régionales, le contexte favorable unique dont bénéficient les petites capitalisations en termes de valorisations à l’échelle mondiale, suggère que les investisseurs devraient pouvoir trouver des opportunités de croissance à moindre coût. 

Les valorisations actuelles présentent une décote attrayante par rapport aux données historiquesLes valorisations actuelles présentent une décote attrayante par rapport aux données historiques

Source : Bloomberg, MSCI et Goldman Sachs Asset Management. Données mensuelles au 30 septembre 2024. Le graphique montre l’évolution dans le temps du ratio cours/bénéfice sur les 12 prochains mois du MSCI World Small Cap par rapport au MSCI World et fait apparaître une décote actuelle de -32 % par rapport à la moyenne sur 20 ans, une décote de -76 % par rapport au pic de 2010 et une décote de -62 % par rapport au pic de 2021. 

Les décotes de valorisation inédites sur le marché des petites capitalisations et l’environnement favorable de baisse des taux offrent aux investisseurs la possibilité d’accroître la diversification de leurs portefeuilles, dans un contexte de risque de concentration des méga-capitalisations américaines au sein du S&P 500. À l’inverse, la concentration au sommet de l’univers des petites capitalisations est nettement moins importante. Les 10 premières actions représentent 4 % du Russell 2000, contre 36 % pour le S&P 500.7 En fait, l’attribution disproportionnée des performances des principales actions de grande capitalisation au sein de l’indice suggère que les autres composants ne contribuent peut-être pas à la hauteur de leur juste part des performances, en raison d’une concentration élevée qui n’existe pas au sein des petites capitalisations. C’est ce qui explique le plus grand nombre d’opportunités à saisir dans l’univers des petites capitalisations, dans la mesure où les contributions individuelles des actions aux gains indiciels sont davantage réparties. La classe d’actifs offre également un éventail plus large d’opportunités dans tous les secteurs, contrairement aux indices de grandes capitalisations fortement axés sur le secteur technologique. Même si les estimations des bénéfices varient considérablement, un consensus semble s’être dégagé selon lequel la croissance des bénéfices des petites capitalisations pour 2025 dépassera celle des grandes capitalisations. Compte tenu de la faiblesse des valorisations, de petites capitalisations de haute qualité présentant des bilans solides et des solutions innovantes pourraient devenir des cibles privilégiées pour les activités de fusions et acquisitions, dans le cadre d’opérations réalisées avec des primes par rapport aux cours en vigueur.

Un avantage actif - approches fondamentales et quantitatives

Malgré des indicateurs macroéconomiques et de marché favorables, nous privilégions une approche d’investissement active pour saisir les opportunités d’alpha des petites capitalisations et gérer les risques. Pour être plus précis, nous privilégions les sociétés de petites capitalisations qui présentent des bilans sains et des flux de trésorerie relativement stables, tout en limitant de manière générale les entreprises non rentables (sauf si nous entrevoyons une trajectoire claire vers la rentabilité au cours des deux prochaines années). La sélectivité au sein de l’univers des petites capitalisations est primordiale, étant donné la nécessité de gérer les risques, dans la mesure où certaines petites entreprises peuvent avoir des bilans plus faibles ou des niveaux plus élevés de dette à taux variables. À titre d’exemple, un investissement dans la société médiane rentable du Russell 2000 chaque trimestre depuis 2013 a généré une performance annualisée de 18,3 %, contre seulement 2,7 % pour la société non rentable médiane.8  L’accent mis sur des équipes de direction solides et l’alignement sur les tendances à long terme, comme la numérisation et la démographie, peuvent également aider les investisseurs à trouver des modèles économiques durables.

Les actions de petites capitalisations sont généralement moins connues et font l’objet de moins de recherches, ce qui offre de plus grandes inefficiences à exploiter pour les spécialistes de la sélection de titres. D’un point de vue fondamental, l’accès aux équipes de direction des entreprises, y compris lorsque les entreprises sont encore privées, peut donner la possibilité de découvrir des « perles rares » avant même qu’elles ne soient largement reconnues par le marché après leur introduction en bourse. Une solide gestion des risques est également essentielle, car les petites capitalisations affichent des niveaux de volatilité plus élevés que les grandes capitalisations en raison de leur liquidité plus faible et de leur plus grande sensibilité à la croissance. D’un point de vue quantitatif, les vastes zones d’informations parcellaires qui existent au sein de l’univers des petites capitalisations offrent la possibilité de capitaliser sur des idées qui peuvent ne pas être prises en compte avec les seules approches traditionnelles. Nous pensons que des techniques quantitatives et systématiques, notamment l’application de l’IA, peuvent révéler des opportunités d’investissement différenciées en recueillant des informations à travers de grandes quantités de données sur le marché large et diversifié des petites capitalisations.

Un avenir prometteur

L’inflation, la hausse des taux et l’attention accordée aux leaders des méga-capitalisations ont pénalisé la performance des actions de petites capitalisations ces dernières années. Toutefois, après un été mémorable, nous pensons que la chance est en train de tourner. Les opportunités sur les marchés actions commencent à s’élargir, et dans un contexte de taux d’intérêt favorable et de décotes de valorisation proches des niveaux records, il nous apparaît judicieux de compléter et de diversifier les allocations aux grandes capitalisations avec une exposition aux petites capitalisations. À notre avis, les investisseurs expérimentés fort d’un historique de performance robuste et en mesure d’utiliser des techniques fondamentales et quantitatives semblent bien placés pour capturer l’alpha, générer des performances différenciées et gérer les risques sur un marché diversifié.

Pour en savoir plus sur nos approches fondamentales et quantitatives de l’investissement dans les actions cotées—de la recherche « bottom-up » intensive à l’utilisation de technologies avancées à travers un large éventail de sources de Big Data alternatives.

 

 

Bloomberg et Goldman Sachs Asset Management. Au 30 septembre 2024.
FactSet et Goldman Sachs Asset Management. Au 30 septembre 2024. Les projections économiques et les prévisions de marché présentées ici le sont uniquement à titre indicatif. Il ne peut y avoir aucune assurance que ces prévisions s’avéreront exactes. Veuillez consulter les informations complémentaires à la fin du présent document. Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances futures, qui sont susceptibles de varier. Il n’existe aucune garantie que les objectifs seront atteints.
Bloomberg, MSCI et Goldman Sachs Asset Management. Données mensuelles au 30 septembre 2024.
Furey Research Partners, FactSet et Goldman Sachs Asset Management. Au 30 septembre 2024.
Furey Research Partners, FactSet et Goldman Sachs Asset Management. Au 30 septembre 2024.
Bloomberg, Goldman Sachs Asset Management. Au 30 septembre 2024. 
FactSet et Goldman Sachs Asset Management. Au 30 septembre 2024.
8Bloomberg et Goldman Sachs Asset Management. Au 25 septembre 2024. Les projections économiques et les prévisions de marché présentées ici le sont uniquement à titre indicatif. Il n’existe aucune garantie que les objectifs seront atteints. Il ne peut y avoir aucune assurance que ces prévisions s’avéreront exactes. Veuillez consulter les informations complémentaires à la fin du présent document.

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