Les femmes face aux défis de l’épargne-retraite
L’enquête Retirement Survey & Insights Report 2023 a étudié l’impact du « vortex financier » sur les populations actives et les retraités. Dans ce rapport complémentaire, intitulé « Les femmes face aux défis de l’épargne-retraite », nous examinons plus en détail les tendances en matière de retraite pour les hommes et les femmes. Nous étudions l'impact des freins suivants afin de mieux comprendre comment ils peuvent affecter la capacité à bien préparer la retraite, en mettant particulièrement l'accent sur les femmes qui épargnent en vue de leur retraite :
- Les différences de revenus, susceptibles de se creuser au cours de la vie, peuvent se traduire par une épargne-retraite nettement inférieure pour les femmes.
- Les responsabilités familiales peuvent être à l’origine d’interruptions de carrière et entraîner une perte de revenus et d'avantages sociaux. Elles peuvent également affecter le potentiel de rémunération à long terme, la progression de carrière et l'épargne-retraite.
- Le travail à temps partiel peut être la conséquence de la prise en charge d'un proche, ce qui se traduit souvent par des salaires plus bas, moins d'avantages sociaux et un accès réduit aux régimes de retraite financés par l'employeur.
- L'espérance de vie plus longue des femmes signifie qu'elles doivent en moyenne étaler leur épargne-retraite sur une plus longue période. Cette longévité accrue nécessite une épargne plus importante pour couvrir les frais de santé et les dépenses courantes à la retraite.
- La conception des régimes de sécurité sociale ne tient souvent pas compte du travail à temps partiel et des interruptions de carrière, ce qui peut entraîner une diminution des prestations et des pensions.
Malgré ces facteurs, nous pensons qu’il y a lieu d’être optimiste. Nos données pour 2023 montrent une nette amélioration des perspectives de retraite des femmes actives interrogées, notamment (i) une diminution du stress lié à la gestion de l'épargne, (ii) une plus grande confiance dans leur capacité à atteindre leurs objectifs de retraite et (iii) une augmentation de l'épargne par rapport à l'année précédente.
Pour relever les défis particuliers auxquels les femmes peuvent être confrontées, une approche multidimensionnelle peut s'avérer utile. La prise en compte des prestations de retraite pour les travailleurs à temps partiel, l'éducation financière et les solutions personnalisées, par exemple, sont autant de pistes potentiellement importantes.
La prise en charge des personnes dépendantes reste un défi majeur : 40 % des femmes actives déclarent avoir quitté leur emploi pour s'occuper d’enfants ou de personnes âgées, et 21 % déclarent avoir abandonné un emploi à temps plein pour un emploi à temps partiel afin de s'occuper de personnes dépendantes. Compte tenu de l'augmentation des besoins et du coût des soins, les aidants font état d'un impact nettement plus important des priorités financières concurrentes. Cela dit, les hommes interrogés déclarent quitter de plus en plus souvent le marché du travail et/ou passer à un travail à temps partiel pour assumer leurs responsabilités parentales.
L'amélioration de l'environnement macroéconomique a eu des répercussions positives sur les femmes interrogées, qui ont déclaré que leur capacité à épargner pour la retraite était moins affectée d'une année sur l'autre. Il est intéressant de noter que les hommes ont indiqué une situation inverse.
Presque toutes les personnes interrogées (95 %) estiment qu’une assistance en matière financière est importante, mais il existe des différences dans le type d'aide qu'elles recherchent. En matière de conseil, les femmes interrogées préfèrent les ressources « prêt-à-épargner », ne nécessitant pas d’intervention de leur part. Par exemple, les femmes interrogées sont plus susceptibles que leurs homologues masculins de payer un conseiller financier pour gérer leur épargne, plutôt que de la gérer elles-mêmes et/ou de demander des conseils périodiques. En réalité, la plupart des épargnants n’ont pas recours à un conseiller financier et, bien que le coût puisse être un élément déterminant, les femmes sont deux fois plus susceptibles que les hommes de déclarer qu'elles ne disposent pas d'une épargne suffisante pour faire appel à un conseiller financier.
Les femmes qui ont répondu à notre enquête ont non seulement tendance à prendre leur retraite plus tôt que prévu, mais elles sont aussi plus susceptibles de le faire pour des raisons autres que celles qu'elles avaient prévues (raisons de santé, nécessité de s’occuper d'un membre de la famille ou perte d'emploi). La retraite anticipée a des conséquences importantes, notamment une moindre confiance dans la capacité à disposer de revenus, ce qui peut avoir un impact sur les dépenses et le train de vie une fois à la retraite.
Lorsqu'elles envisagent des ressources de type « prêt-à-épargner », les femmes interrogées préfèrent généralement les solutions à revenu garanti. Compte tenu de l'espérance de vie plus longue des femmes, les solutions de revenu garanti peuvent réduire certains risques plus difficiles à maîtriser.