Durabilité

Faciliter la concrétisation de l’investissement dans la biodiversité

6 décembre 2024 | 14 minute(s) de lecture
Auteur(s)
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Chex Yu
Sustainability Client Data & Analytics, Goldman Sachs Asset Management
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Sarah Lawlor
European Head of Sustainability and Impact Solutions
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Sebastiaan Reinders
Head of Innovation and Research, Sustainable Investing and Innovation Platform
Principaux points à retenir
1
Priorité croissante des investisseurs
Les investisseurs sont de plus en plus sensibilisés à la biodiversité et à la nature, en raison d’une meilleure compréhension de l’importance économique de la nature et d’un rythme rapide des changements réglementaires. Pourtant, décider où et comment investir peut relever du défi, même pour ceux qui connaissent le marché de l’investissement climatique.
2
Mise en œuvre difficile pour un marché naissant
Malgré l’attention croissante des investisseurs, l’adoption élargie est toujours entravée par des problèmes clés associés à un marché balbutiant. La stratégie relative au changement climatique ne peut pas être facilement adaptée à la biodiversité. La grande diversité en matière de terminologie et d’approches peut également compliquer la tâche des investisseurs.
3
Clarifier l’objectif
Les investisseurs ont de nombreuses raisons d’intégrer la biodiversité dans leur processus d’investissement, comme la gestion des risques notables liés à la nature, l’atténuation des impacts négatifs potentiels et l’augmentation de l’exposition aux solutions positives. Clarifier l’objectif d’investissement aide les investisseurs à identifier les outils d’investissement appropriés.
4
Personnaliser la boîte à outils
Après avoir identifié leurs objectifs d’investissement, les investisseurs peuvent compiler les outils d’évaluation qui soutiennent leurs objectifs. Nous pensons qu’une boîte à outils qui facilite l’analyse ascendante au niveau de l’entreprise peut produire des informations plus ciblées, exploitables et précises.
5
Déceler les solutions potentielles positives
Commençons par les sous-classes d’actifs où l’incidence sur la biodiversité est plus directe, facilitant la démonstration de l’additionnalité et de l’intentionnalité, et élaborons un cadre clair pour identifier les entreprises qui correspondent à la définition d’une solution de biodiversité par un investisseur.

La biodiversité est devenue une priorité dans l’agenda de l’investissement durable. Néanmoins, les investisseurs s’interrogent sur la façon d’intégrer ce thème dans leur processus d’investissement et de comprendre ce que cela signifie, quels outils sont disponibles et où investir. Chez Goldman Sachs Asset Management, nous travaillons  avec nos clients pour clarifier leurs objectifs et élargir leurs boîtes à outils d’analyse liées à la biodiversité afin de permettre une intégration plus ciblée des investissements. Dans cet article, nous partageons nos observations sur la première vague d’activités des investisseurs et les critères pour ceux qui commencent à intégrer les risques et les opportunités liés à la biodiversité dans leur processus d’investissement. Dans les articles suivants, nous explorerons les applications pour des classes d’actifs spécifiques.

Créer une dynamique de marché 

L’intérêt des investisseurs pour la biodiversité s’est inscrit en hausse ces dernières années, même si le marché reste aux premiers stades de développement. De nouveaux fonds d’actions dédiés à la biodiversité ont été lancés, enregistrant une croissance significative des flux, bien que démarrant d’un niveau bas.1  Sur le front des obligations, la dynamique se reflète dans la part des obligations labellisées (vertes, sociales et durables) mentionnant la préservation de la biodiversité en guise d’utilisation du produit, qui est passée à 16 % en 2023, contre 5 % trois ans plus tôt.2   

Les entreprises s’intéressent également davantage à la biodiversité. Notre analyse utilisant le traitement du langage naturel (NLP) indique que 46 % des entreprises figurant dans l’indice MSCI ACWI ont traité de sujets liés à la biodiversité dans leurs rapports annuels en 2023, plus de la moitié d’entre elles ayant déclaré avoir l’intention de prendre des mesures liées à la biodiversité – un engagement, une promesse, un objectif ou une stratégie – ou disposer de mesures déjà prises.3 

Évocation des sujets liés à la biodiversité dans les rapports annuels des entreprisesÉvocation des sujets liés à la biodiversité dans les rapports annuels des entreprises

Source : Goldman Sachs Asset Management, MSCI. Au 31 décembre 2023. Basé sur l’analyse des rapports annuels des entreprises de l’indice MSCI ACWI.

En analysant les publications de résultats des entreprises, des preuves de l’attention accrue accordée à la biodiversité par les entreprises ont pu aussi être mises à jour, tant dans les présentations de la direction que lors des séances de questions-réponses avec les investisseurs recourant au NLP.  Notre analyse montre qu’à fin 2017, les sujets liés à la biodiversité étaient abordés lors des publications de résultats de seulement 1,6 % des entreprises de l’indice MSCI ACWI. Au cours du premier trimestre de 2024, ce chiffre s’est établi à 10 %.4  

Cet intérêt croissant des investisseurs est motivé par un ensemble de facteurs divers, notamment : 

  • Les preuves de la destruction des écosystèmes s’accumulent, la population mondiale d’animaux sauvages ayant diminué de 69 % depuis 1970.5  
  • La compréhension de l’importance économique de la nature a gagné du terrain, les modèles économiques des entreprises étant directement et indirectement exposés à la perte de nature. À titre d’exemple, plus de la moitié de la valeur économique totale générée dans le monde dépend « modérément ou fortement » de la nature, selon un rapport largement relayé du Forum économique mondial.6  
  • En réponse, les décideurs politiques ont pris des mesures pour accélérer la réglementation visant à atténuer la perte de nature, de la législation locale aux objectifs mondiaux de préservation.7

Ces facteurs font davantage prendre conscience de la nécessité urgente d’accroître les investissements dans la biodiversité pour réduire un déficit de financement estimé à 700 milliards de dollars par an.8  Pourtant, décider où et comment investir peut constituer un défi, même pour ceux qui connaissent le marché de l’investissement climatique. 

La croissance de la biodiversité en difficulté 

Malgré l’augmentation des investissements dans les entreprises et les projets axés sur la biodiversité, l’adoption à grande échelle est, selon nous, encore limitée par des problèmes clés associés à un marché naissant. 

En premier lieu, la théorie des changements climatiques/zéro émission nette n’est pas directement transposable à la biodiversité. Pour mobiliser les efforts en faveur du progrès sur le plan climatique, il existe une théorie du changement évidente : pour limiter le réchauffement mondial à 1,5 degré Celsius maximum, nous devons atteindre zéro émission nette d’ici 2050.  Nous pouvons débattre de la question de savoir si un monde à 1,5 degré est encore possible, mais le fait d’avoir un objectif mondial par rapport auquel chacun peut mesurer ses performances signifie que nous pouvons directement lier l’action individuelle des investisseurs/entreprises aux objectifs mondiaux. Chaque portefeuille peut être mesuré par ses trajectoires d’alignement de la température ou son potentiel de réchauffement. Bien que nous exprimions des réserves sur les approches fondées sur la décarbonation des portefeuilles telles que décrites dans les Indicateurs climatiques 2.0, le fait de pouvoir lier les efforts des investisseurs à un objectif mondial mesurable s’est avéré très efficace pour motiver les actions des investisseurs. 

Cela est possible parce que le carbone est fondamentalement fongible : une tonne de CO2 est la même quel que soit l’endroit où elle est mesurée.9  La biodiversité, en revanche, est intrinsèquement locale. L’eau peut être le problème le plus important à un endroit et la foresterie à un autre, et la façon dont nous abordons le stress hydrique diffère d’une région à l’autre. L’idée que les règles du jeu en matière de changement climatique puissent être adaptées à la biodiversité pose des problèmes à un moment crucial, car lorsque des difficultés entrent en jeu, l’écart entre les attentes et la réalité se creuse.  

La nécessité d’approches réfléchies qui équilibrent simplicité et nuance est difficile mais essentielle, en particulier pendant les premières étapes du développement du marché. À mesure que le paysage des indicateurs évolue, il est encourageant de voir les institutions financières faire preuve de prudence et de précaution quant à l’adoption d’une unité de mesure standardisée pour l’impact sur la nature, comparable aux émissions de gaz à effet de serre.

L’idée que les règles du jeu en matière de changement climatique puissent être adaptées à la biodiversité pose des problèmes à un moment crucial, car lorsque des difficultés entrent en jeu, l’écart entre les attentes et la réalité se creuse.

Deuxièmement, la grande diversité en matière de terminologie et d’approches sur le marché de la biodiversité peut également compliquer la tâche des investisseurs.10 Nous pensons que les progrès récents dans l’élaboration de cadres et de réglementations à l’échelle mondiale contribueront à dissiper cette confusion en apportant plus de clarté et de transparence. Le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, qui fait date, définit des objectifs et des mesures concrètes, notamment la conservation de 30 % des terres, des mers et des eaux intérieures et la restauration de 30 % des systèmes dégradés. La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a dressé une liste de cinq facteurs de perte de nature : les changements dans l’utilisation des terres et des mers, les changements climatiques, la pollution, l’exploitation directe des ressources naturelles et les espèces invasives.11  Ces éléments apparaissent comme une orientation commune qui permet une harmonisation entre les accords et organisations mondiaux sur la biodiversité. Cette interopérabilité pourrait faciliter la communication par les investisseurs et les entreprises et contribuer à orienter les flux financiers vers des investissements positifs pour la nature. 

Les attentes en matière de publication sont de plus en plus grandes, à l’instar du Groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives à la nature (TNFD), de la directive européenne visant à améliorer et à harmoniser la divulgation d’informations sur le développement durable par les entreprises et l’article 29 de la loi française Énergie-Climat, certaines réglementations ayant des conséquences financières importantes.  Le règlement européen  relatif à la lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts par exemple, prévoit une amende potentielle pouvant aller jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires à l’échelle de l’UE pour les opérateurs ou les négociants qui enfreignent ses dispositions.12  Cependant, nous identifions également les défis posés par des exigences telles que des données de géolocalisation détaillées et l’état de préparation actuel des opérateurs, avec le report de 12 mois de la mise en œuvre récemment proposé à décembre 2025.13 Du côté des incitations, nous assistons également à de nouvelles mises en œuvre sur le marché, comme le Nature Repair Market en Australie, qui amorce l’éveil de l’intérêt pour les investissements dans la biodiversité et à aligner les marchés des crédits carbone et biodiversité.

Trois critères pour les investisseurs

Les investisseurs internationaux commencent à prendre des mesures concrètes en faveur de la biodiversité, encouragés par les preuves plus manifestes des dépendances économiques, le lien étroit entre biodiversité et climat, l’évolution rapide des données et des outils et le développement d’opportunités d’investissement viables. Nous proposons trois critères initiaux.

1. Clarifier l’objectif

Pour les investisseurs qui en sont aux prémisses de l’intégration de la biodiversité dans leur processus d’investissement, les approches courantes incluent généralement l’analyse de matérialité, les cartes thermiques et l’implication sur des sujets spécifiques tels que la déforestation. En développant notre propre approche et en collaborant avec des investisseurs qui font de même, nous avons appris une leçon importante : il est nécessaire de clarifier l’objectif d’investissement avant de déployer des données et des outils spécifiques. 

Trois aspects pertinents pour prendre en compte la biodiversité dans les processus d’investissementraisons pour les investisseurs de prendre en compte la biodiversité dans leur processus d’investissement.

Source : Goldman Sachs Asset Management.  À titre d’illustration. 

Les investisseurs ont de nombreuses raisons de prendre en compte la biodiversité dans leur processus d’investissement. Nous avons identifié trois aspects pertinents :

  • Comprendre et gérer les risques financiers importants dans leurs portefeuilles lorsque des entreprises dépendent massivement de certaines ressources écosystémiques, comme une entreprise de boissons qui dépend fortement de sources d’eau douce fiables et diversifiées.
  • Atténuer  l’impact négatif potentiel sur la biodiversité du point de vue de la valeur/des préoccupations des parties prenantes/de la réglementation, comme pour les entreprises dont les produits de base sont liés à la déforestation.
  • Accroître l’exposition aux entreprises proposant des solutions encourageantes, telles que les entreprises de foresterie et de gestion des terres/océans durables qui soutiennent les habitats naturels et maintiennent des puits de carbone au moyen de services de régénération et de replantation, de traitement de l’eau et de recyclage des matières plastiques. 

Une fois que les investisseurs ont identifié leurs objectifs, ils peuvent sélectionner les outils les plus appropriés.14  Nous voyons émerger des groupes d’outils. Pour évaluer les risques financiers importants et atténuer  les impacts négatifs, nous avons constaté que la carte de la matérialité et les solutions géospatiales représentent des points de départ pratiques. Pour évaluer l’exposition aux solutions favorables, l’analyse thématique des expositions aux revenus constitue une première étape positive. Dans le tableau suivant, les objectifs sont associés à des outils  et à des cas de figure indiquant la manière de la mise en pratique. 

Approches de mesure émergentesApproches de mesure émergentes

Source : Goldman Sachs Asset Management.  Les approches proposées ci-dessus ne constituent pas une liste exhaustive.

2. Créer des boîtes à outils d’investissement ciblées pour des informations supplémentaires

La première étape que les investisseurs appliquent fréquemment pour comprendre comment leurs portefeuilles interagissent avec la nature est la carte thermique. Cette approche s’appuie sur des cadres de matérialité établis pour évaluer les impacts et les dépendances au niveau des secteurs et des industries à l’égard de divers facteurs de perte de biodiversité et de services écosystémiques.

Si la carte thermique peut contribuer à identifier les secteurs et les industries qui sont confrontés à un risque accru découlant de l’impact réglementaire et à un potentiel accru  d’ impact positif, les investisseurs peuvent constater qu’il ne s’agit là que d’un point de départ. Les entreprises opèrent souvent dans plusieurs secteurs d’activité et opérations couvrant plusieurs branches, de sorte que les imputer à un seul domaine peut être trop réducteur. Nous pensons que nous devons   créer des boîtes à outils qui facilitent l’analyse ascendante au niveau de l’entreprise pour obtenir des informations plus ciblées, exploitables et précises. 

Nous pensons que nous devons créer des boîtes à outils qui facilitent l’analyse ascendante au niveau de l’entreprise pour obtenir des informations plus ciblées, exploitables et précises.

À des fins d’illustration, considérons un portefeuille hypothétique avec une seule participation, une société active dans le secteur de la santé. Nous souhaitons évaluer la dépendance du portefeuille aux eaux de surface. En recourant à une méthodologie sectorielle, nous constatons que l’ensemble de l’entreprise de soins de santé est fortement dépendante aux eaux de surface, ce qui se traduit par une dépendance totale (100 %) du portefeuille à l’eau. Si nous effectuons néanmoins une analyse approfondie et tenons uniquement compte de la dépendance du segment d’activité pertinent de l’entreprise aux services écosystémiques des eaux de surface, nous estimons que la dépendance du portefeuille n’est que de 48 %. Cette approche génère une évaluation plus nuancée de la dépendance d’un portefeuille en prenant seulement en considération les opérations commerciales pertinentes.

Portefeuille type d’une entreprise de soins de santé ; dépendance aux services écosystémiques des eaux de surfacePortefeuille type d’une entreprise de soins de santé ; dépendance aux services écosystémiques des eaux de surface

Source : Goldman Sachs Asset Management. Au 31 décembre 2023. À titre d’illustration uniquement.  Le portefeuille type indiqué aux présentes affiche certaines limites. Ces résultats sont basés sur des performances hypothétiques présentant certaines limites inhérentes. Contrairement aux résultats exposés dans un historique de performances réelles, ces résultats ne représentent pas des transactions réelles. Par ailleurs, ces transactions n’ayant pas vraiment été exécutées, ces résultats pourraient avoir sous-compensé ou surcompensé l’impact, le cas échéant, de certains facteurs de marché, tels que la pénurie de liquidités. Qui plus est, les programmes de négoce simulés ou hypothétiques sont en outre soumis au fait qu’ils sont conçus avec du recul. Aucune déclaration n’est formulée quant au fait qu’un compte réalisera ou est susceptible de réaliser des bénéfices ou des pertes similaires à ceux présentés. 

3. Déceler des opportunités d'investissement dans des solutions potentiellement positives 

Les thèmes liés au climat tels que l’énergie propre ont un vaste univers d’entreprises investissables. Le débat sur le climat passe en partie d’une approche largement axée sur le risque à une approche axée sur les opportunités dans l’innovation technologique et les secteurs motivés par d’importantes dépenses en capital favorables à l’environnement. L’augmentation des flux de capitaux en direction de la biodiversité nécessitera, selon nous, de démontrer l’attrait de la biodiversité en tant qu’opportunité. 

L’augmentation des flux de capitaux en direction de la biodiversité nécessitera, selon nous, de démontrer l’attrait de la biodiversité en tant qu’opportunité.

Une approche que nous estimons comme la plus efficace consiste à débuter par des sous-classes d’actifs où l’impact sur la biodiversité est plus direct, facilitant la tâche de démonstration de l’additionnalité et de l’intentionnalité. Parmi les exemples figurent les solutions fondées sur la nature (NBS) axées sur des investissements qui restaurent, aident à protéger et à gérer les paysages pour séquestrer le carbone, produisent du bois et des produits agricoles de manière durable, contribuent à améliorer la biodiversité et cherchent à générer des avantages économiques pour les communautés locales. 

Les investissements dans une stratégie de reforestation dans la région du Cerrado au Brésil aux côtés de BTG Pactual Timerland Investment Group (TIG) en sont un exemple. La région du Cerrado est la savane biologiquement la plus riche au monde, qui se compose de 11 000 espèces végétales, dont la moitié sont endémiques. La stratégie en deux volets de TIG vise à préserver et à restaurer les écosystèmes indigènes sur la moitié de leurs propriétés et à établir des fermes forestières commerciales qui produisent des produits ligneux renouvelables et durables et à séquestrer le carbone sur l’autre moitié. Au 31 décembre 2023, nous avons investi dans un portefeuille de biens pour une surface de 35 000 hectares conjointement avec TIG et d’autres investisseurs.15 Les évaluations de référence de la biodiversité indiquent que le portefeuille soutient plus de 319 espèces animales et végétales.  

Concernant les marchés publics, nous pensons qu’une étape clé consiste à élaborer un cadre clair pour identifier les entreprises qui correspondent à la définition d’une solution de biodiversité par un investisseur, avec des applications adaptées à toutes les classes d’actifs. Dans le cas des actions cotées, les investisseurs pourraient évaluer l’alignement des produits et services d’une entreprise avec les Objectifs de développement durable (ODD), par exemple l’ODD 12 (Consommation et production responsables) ou l’ODD 15 (Vie terrestre). Dans le segment obligataire, une approche thématique pourrait inclure des obligations labellisées assorties de catégories d’utilisation des produits liées à la biodiversité. Citons l’exemple d’une entreprise de papier et de pâte à papier qui affecte l’utilisation des produits à des investissements liés à des activités relevant de la biodiversité terrestre telles que des investissements en lien avec la restauration et la protection des forêts indigènes existantes. Cette approche pourrait également porter sur des obligations classiques d’émetteurs ayant des profils de biodiversité de premier plan. Imaginons une entreprise de conditionnement qui se concentre sur des solutions d’emballage durables fabriquées à partir de matériaux majoritairement recyclés et de matériaux non recyclés résiduels provenant de forêts gérées durablement. Cette combinaison d’obligations labellisées et d’obligations classiques (« vanilla bonds ») qui répondent à des critères de biodiversité respectifs offrirait une exposition à un univers plus vaste et ouvrirait la voie aux investisseurs envisageant de construire un portefeuille avec un meilleur profil risque-rendement.

Alors que les cadres mondiaux relatifs aux risques, aux dépendances et à l’impact liés à la biodiversité se consolident, il en découle une possibilité d’exploiter la capacité de l’engagement actionnarial pour collaborer avec des entreprises clés afin de comprendre leur approche de la gestion des risques liés à la biodiversité et à la nature, et de promouvoir la responsabilité et la transparence. Cela pourrait impliquer la publication d’informations telles que l’utilisation d’emballages en plastique pour les entreprises FMCG (produits de grande consommation à rotation rapide), les programmes de lutte contre la déforestation pour les compagnies de matières premières, une analyse plus détaillée de l’exposition au risque de déforestation et des rapports sur l’impact et les progrès accomplis. Voir le dernier Rapport d’engagement actionnarial de Goldman Sachs Asset Management pour obtenir plus d’informations sur la manière dont nous nous engageons en faveur de la biodiversité et de la nature.  

Une nouvelle approche 

Contribuer à la protection de la biodiversité et de la nature est une démarche essentielle pour accélérer la transition vers une économie durable. La prise de conscience de l’importance de la biodiversité progresse et les investissements y associés augmentent, mais le besoin de capitaux accrus est urgent. Alors que les investisseurs commencent à explorer les risques et les opportunités liés à la nature, beaucoup constatent que les techniques appliquées à l’investissement climatique ne s’appliquent pas directement au marché émergent de la biodiversité et qu’une nouvelle approche ciblée est requise. En nous fondant sur notre propre expérience et en dialoguant avec les investisseurs, nous pensons que ces derniers devraient commencer par clarifier leurs objectifs, puis sélectionner des outils adaptés à l’évaluation des entreprises et à l’identification des opportunités d’investissement.

 

Notre approche du développement durable est fondée sur deux domaines d’impact qui se recoupent : contribuer à accélérer la transition climatique d’une part et faire progresser la croissance inclusive d’autre part. Ce sont les domaines dans lesquels nous pensons être en mesure de générer le plus d’impact. En savoir plus sur la transition climatique et la croissance inclusive.



1Voir « Investing in Biodiversity: A Multi-Asset Guide, » GS SUSTAIN. Au 5 octobre 2023. Les actifs nets de 20 fonds européens et d’un fonds domicilié aux États-Unis s’élevaient à environ 3,4 milliards de dollars selon le rapport, sur la base des dernières données alors disponibles.
2 « Biodiversity in ESG: State of the Sustainable Finance Market, » Sustainable Fitch. Au 9 octobre 2023.
3Goldman Sachs Asset Management, MSCI. Basé sur l’analyse des rapports annuels des entreprises de l’indice MSCI ACWI. Au 31 décembre 2023. L’indice MSCI ACWI est l’indice phare des actions mondiales de MSCI.
4Goldman Sachs Asset Management, MSCI. Basé sur l’analyse des rapports annuels des entreprises de l’indice MSCI ACWI. Au 31 décembre 2023.
5« Living Planet Report 2022, » WWF. Octobre 2022.
6« Nature Risk Rising: Why the Crisis Engulfing Nature Matters for Business and the Economy », Forum économique mondial en collaboration avec PwC. Au 19 janvier 2020.
7À titre d’exemple, le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, un accord international conclu en 2022, fixe une série d’objectifs pour 2030, notamment la réduction de moitié du gaspillage alimentaire à l’échelle mondial et la garantie de la conservation active d’au moins 30 % des terres, des eaux intérieures, des zones côtières et des océans de la planète. Voir « Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal », Convention sur la diversité biologique. Au 19 décembre 2022.
8Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, Convention sur la diversité biologique. Au 19 décembre 2022.
9https://www.un.org/fr/climatechange/net-zero-coalition
10Des chercheurs du MSCI ont identifié 15 fonds dans le monde incluant la mention « biodiversité » dans leur nom au troisième trimestre 2023, alors que le nombre de fonds dont le nom et les objectifs sont thématiquement liés à la biodiversité, comme l’environnement et l’économie circulaire, était bien plus important, à savoir 134. Voir « Biodiversity Funds: Welcome to the Jungle, » MSCI. Au 20 septembre 2023.
11« Five Drivers of the Nature Crisis, » site internet du Programme des Nations unies pour l’environnement. Au 21 août 2024. IPBES signifie Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services).
12« Règlement (UE) 2023/1115 du Parlement européen et du Conseil, » Journal officiel de l’Union européenne. Au 31 mai 2023.
13"L’UE propose de repousser de 12 mois l’adoption d’une loi historique contre la déforestation," Reuters. Au 2 octobre 2024.
14Pour les investisseurs qui se soucient de ces trois aspects, les mesures ou cadres individuels ne fourniront probablement pas un tableau complet et une combinaison peut être nécessaire.
15« Nous » fait référence à l’équipe Imprint de Goldman Sachs Asset Management.

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